Pourquoi nous ne voulons plus de pesticides

Nous voulons des coquelicots

Ce témoignage nous a été envoyé via les réseaux sociaux par une dame qui a tenu à nous expliquer ses motivations pour demander la fin de l’utilisation des pesticides de synthèse. « Nous préférons que cette lettre reste anonyme car dans les petits villages, il est préférable de rester discret », a t-elle pris la peine d’ajouter. Le ton respectueux, mesuré et déterminé de ce témoignage, ainsi que son universalisme, nous ont impressionnés.



Nous étions Parisiens jusqu’en 2009, nous avons décidé de vivre à la campagne pour bénéficier d’un environnement plus sain.

Nous habitons depuis trois ans dans une charmante petite commune, qui compte parmi ses habitants, des personnes qui ont orienté leur activité professionnelle vers une agriculture biologique et durable. Notre maire favorise également les actions qui visent au respect de la nature et de l’environnement. 

Malheureusement, nous avons aussi une exploitation agricole qui travaille les terres voisines de nos habitations, et dont l’activité est axée sur la culture céréalière de façon « traditionnelle », c’est-à-dire avec tous les traitements disponibles et autorisés. Nous pouvons ajouter à cela un forage dans une nappe phréatique à plus de 50 mètres sous terre pour l’arrosage en aérien de maïs toute la journée en continu, cet été, même durant les jours de sécheresse à plus 38° Celsius, donc une perte de 80% de cette eau qui n’aura apporté aucun bénéfice aux pieds de ce maïs. J’ai écrit au ministère de l’agriculture, au ministère de l’environnement et à la chambre d’agriculture pour exprimer mon indignation sur le gâchis de ces ressources en eau, qui seront certainement un jour essentielles pour les vies humaines et qui auront été asséchées pour des cultures qui ne sont pas indispensables aux êtres humains mais qui servent la politique du profit à court terme. Tout comme ces traitements qui ont lieu plusieurs fois dans l’année pour « faciliter » le travail des sols, mais qui tuent les éléments qui composent la richesse de ces sols et qui favorisent l’utilisation d’engrais chimiques puisque le sol est appauvri par les traitements. Nous sommes des personnes qui respectons et estimons les agriculteurs et nous avons conscience que ces exploitants ne sont pas toujours conscients des conséquences de leurs agissements sur leur propre santé et sur la fertilité de leurs terres. Nous ne voulons pas provoquer un affrontement, ou un clivage des bons et des méchants, nous voulons plaider pour une réelle prise de conscience de tous pour tous.

Dans l’après-midi 11/12/2018, vers 16h15, nous revenions d’une promenade et nous avons été pris à la gorge par une odeur semblable au traitement des traverses de chemins de fer, de goudron avec d’autres éléments irritant notre nez et notre gorge. Nous avons été contraints de mettre un foulard sur notre visage pour pouvoir respirer. Nous avons vu que l’agriculteur était en train de répandre des traitements avec son tracteur derrière lequel on pouvait apercevoir un épais nuage jaune. Cette odeur a persisté durant plus de deux heures après que l’agriculteur l’ait diffusé, il nous était impossible d’ouvrir nos fenêtres pour fermer les volets sans avoir les voies respiratoires irritées.

Une personne qui habite notre rue est atteinte d’un cancer de type lymphome Folliculaire, c’est un cancer principalement engendré par les pesticides. Pourrions-nous avoir le droit de choisir en tant qu’habitants dans quel air nous souhaitons vivre ? Nous avons peur pour notre santé, celle de nos enfants, pour les légumes de notre potager, nos abeilles, leur miel et pour nos poules et leurs œufs, sont-ils impactés après que ces traitements soient répandus dans l’air ?

Nous voulons, pour tous, une vie saine, dans un environnement sain.