Les Coquelicots, grands absents de leur débat national

Nous voulons des coquelicots

Vous avez vu? Comme prévu, nos gouvernants triomphent, sans la moindre gloire. Le résultat du Grand Débat national était à peu près connu, et par un douteux miracle, trois blocs de 500.000 personnes se seraient exprimées. Via Internet, sur les cahiers de doléances, et dans les réunions publiques. J’y crois très, très modérément, car enfin, 500.000 personnes dans les réunions publiques, vraiment? Et 500.000 contributions sur les registres, sérieusement? Le fait brutal est que rien n’est contrôlable et rien ne sera donc contrôlé.

Vous êtes désormais des amis, et c’est en ami que je vous envoie ces quelques lignes. Un mouvement puissant traverse la France, et c’est le nôtre. Nous ne sommes pas seulement 600.000 à avoir signé l’Appel des coquelicots. Chaque mois, même au cours de l’hiver, des dizaines de milliers de citoyens de ce pays se sont retrouvés devant leurs mairies chaque premier vendredi. Croyez-moi, croyez-en un vieux briscard comme moi, c’est énorme, et c’est même sans appel.

Notre mouvement, je pense que certains le ressentent ainsi, a la belle odeur de l’été 1789, avant les folies qui suivirent. Nous exprimons une volonté populaire simple, franche et directe: le refus définitif d’être empoisonnés par des produits qu’on sait dangereux. Nous parlons pour nous, nos enfants et proches, pour tous les animaux, toutes les plantes, toutes les eaux.

En face, le silence et le dédain. Pas un signe, pas une lettre, pas un appel. Monsieur François Goulet de Rugy, ministre de l’Écologie d’une République malade, n’a pas songé un instant que son rôle était d’entendre et de recevoir les représentants de notre grande alliance. La République nous appartient, au moins autant qu’à lui ou quiconque.

Amis coquelicots, je prendrai mes responsabilités personnelles, car en ce qui me concerne, j’ai tranché. Sous peu se posera la redoutable question d’une désobéissance civile de grande ampleur. L’un de mes maîtres, l’Américain Henry David Thoreau: «Je crois que nous devrions être hommes d’abord et sujets ensuite. Il n’est pas souhaitable de cultiver le même respect pour la loi et pour le bien».

 

Fabrice Nicolino, président de l’association « Nous voulons des coquelicots »