Langouët, village breton de 600 âmes, s’est lancé corps et âme dans le combat contre les pesticides. Et nous sommes fiers, nous les Coquelicots, d’avoir été soutenus par son maire et ses habitants dès le début, en couleurs et en fanfare. Ce maire si particulier, Daniel Cueff, a publié le 18 mai – jour de la marche contre Monsanto – un document exceptionnel, qui pourrait servir d’exemple dans toute la France et même le monde entier.
A toute première vue, c’est un arrêté municipal de plus, noyé parmi 10 000 autres. Mais son ton ne trompe pas longtemps, car dès le premier considérant, on peut lire que « le maire a le devoir et la responsabilité de prendre au titre de son pouvoir de police toutes mesures de nature à prévenir et à faire cesser toutes pollutions sur le territoire de sa commune, et particulièrement celles de nature à mettre en danger la santé humaine ».
C’est du bon sens, mais il est si peu partagé que certains y verront une adresse révolutionnaire. Dans la France de 2019, défendre la santé et faire cesser les pollutions sont devenus des entreprises herculéennes.
Tout le texte de l’arrêté est formidable, qui réclame pour finir l’interdiction de tout épandage des pesticides à moins de 150 mètres d’un bâtiment d’habitation ou professionnel. Ce qu’on appelle le principe de précaution.
Et parce que ses concitoyens ont les idées claires sur les dangers qu’ils encourent à cause des pesticides et pourraient être tentés d’intervenir eux-mêmes pour faire cesser cet empoisonnement, Daniel Cueff estime de son devoir d’agir. « L’absence de prise immédiate de mesures de précaution par I’autorité municipale serait de nature à entraîner des troubles à I’ordre public », est-il écrit. Car oui, l’Etat laisse perdurer une cohabitation toxique et, de fait, impossible et immorale, dont la population française ne veut plus. Les pesticides ne s’arrêtent pas aux bords des champs.
Sans surprise, la préfète d’Ille-et-Vilaine demande à Langouët de retirer cet arrêté, jugé illégal. Et la suite se jouera devant le tribunal administratif, qui servira de tribune. Daniel Cueff ne s’est pas démonté et a rendu publique une réponse d’une puissance formidable, dont il faut apprécier chaque paragraphe à sa juste mesure: c’est l’histoire de notre résistance qui s’écrit dans ce village breton.
Au passage, Langouët apporte des informations cruelles et décisives sur l’usage massif de nanoparticules dans la composition des pesticides. Qui est au courant, de la présence massive dans les pesticides de ces molécules à l’échelle nanométrique, soit un milliardième de mètre? Ces nanoparticules, dont les effets sont très mal connus, passent la barrière des cellules, et peuvent aisément atteindre le cerveau des hommes. C’est pure folie de les épandre et de les répandre ainsi sur les sols,
Ce que révèlent une fois encore nos amis de Langouët, c’est que la protection des hommes, des bêtes et des plantes, n’est plus assurée par un système qui a perdu toute raison. Nous sommes évidemment aux côtés de Daniel Cueff et de ses administrés. Nous sommes désormais certains que ce coup d’éclat annonce une merveilleuse saison des Coquelicots.
Deux pétitions en soutien à Daniel Cueff ont été lancées, ici et ici.