Fabrice Nicolino répond au député Bothorel

Nous voulons des coquelicots

Monsieur le député,

 

Votre fonction, éminente, consiste à représenter l’intérêt général. Dans le vaste domaine de l’agriculture, cet intérêt se dessine clairement. D’un côté, les goûts alimentaires de la population changent à une vitesse accélérée, mouvement qui détourne des millions de personnes des produits frelatés, transformés, remplis de sel, de sucre, de gras. Et bien sûr, traités aux pesticides. De l’autre, un secteur archaïque, autour d’un syndicat qui refuse tout changement, et aggrave ainsi le sort de ses mandants. Le mouvement des Coquelicots, dont je suis le président, s’honore d’avoir recueilli à cette date, par des moyens dérisoires, le soutien de presque 800 000 Français qui réclament l’interdiction de tous les pesticides de synthèse.

 

Votre mot sur Twitter m’a choqué (ici), je vous le dis franchement. Alors que nous affirmions notre souhait de dialoguer, vous avez choisi de nous refermer la porte sur le nez, ce qui est un point de vue étrange en pays démocratique. Je ne sais qui vous aura inspiré, mais je puis vous dire que ce rapprochement avec le cuivre ne tient pas debout. Nous n’avons jamais dit que les traitements au cuivre étaient bons pour les sols. Et nous ne le ferons pas. Mais si ce cuivre est 1, alors les milliers de molécules pesticides répandues depuis 70 ans, dont certaines stables pendant trois à cinq siècles – 300 à 500 ans -, ces molécules-là sont 1000. Ce n’est pas sérieux de la part d’un élu de la République, qui ne devrait pas méconnaître ainsi les centaines d’études de niveau international qui prouvent la grande dangerosité de nombreux pesticides, d’ailleurs en partie classés CMR pour cancérogènes, mutagènes et reprotoxiques.

 

Monsieur le député, tout le monde peut se tromper, même vous. Et c’est pourquoi je vous propose de tourner la page et d’accepter une rencontre publique avec moi, de manière à discuter sereinement, sans excès de voix, sans effets de manche. J’ajoute que nous pourrions y échanger dans la dignité sur le sujet polémique de l’agribashing. Selon moi, il ne s’agit que d’une invention de communicants, destinée à faire gagner un peu de temps à un lobby des pesticides en perte de vitesse. Vous le savez, et si vous tenez absolument à l’ignorer, je vous affirme que le mouvement des Coquelicots souhaite l’installation en France, à terme bien sûr, de millions de paysans heureux, capables de proposer des fruits, des légumes, des viandes et des céréales irréprochables, que la société achètera au prix juste, leur permettant une vie sûre. Nous n’attaquons évidemment pas les paysans, mais une pratique agricole désastreuse, désormais condamnée, et qui empoisonne les sols, les airs, les eaux, les corps.

 

Monsieur le député, il n’y a aucun piège. Je m’engage personnellement à ce qu’une éventuelle rencontre publique se tienne dans le calme et le respect de chacun. Et je vous réitère donc mon invitation: discutons. La société française a besoin d’avancer. En vous souhaitant une excellente journée,

 

Fabrice Nicolino