Comment les Coquelicots ont fait le Tour de France!

Nous voulons des coquelicots

Le Tour de France du Coquelicot

Merci à Line pour ce récit épique!

Tout a commencé début mai… eh oui, pour le Tour de France, c‘est bien connu, il faut s’entraîner, sans même savoir si l‘on pourra y participer! Un jour de froidure au Haut du Tôt, un jour de printemps pluvieux, quelques membres des Coquelicots de Gérardmer et de La Moselotte récupèrent, un peu désemparés, de grandes bâches imprimées. L’une avec le logo Coquelicot. L’autre avec l’Appel. Bien trop grandes pour pouvoir être installées sur les hauts vosgiens, à l‘exposition des Sentiers de la photo qui mettent cette année à l’honneur «Le chant des Coquelicots et autres contes du vivant»…

Les bâches sont alors remisées… Mais c’était sans compter sur la mémoire longue de Christian… et les graines de coquelicot et leur effet mojito… Après avoir pédalé dans sa tête, Christian a eu la folle idée de se lancer dans le Tour de France et de tenter de faire passer les bâches à la télé.

Mails sur mails, coups de fil et contacts avec les collectifs de la vallée de la Thur, de Belfort et de Franche-Comté et les liens se tissent, les contacts s’établissent, on se tutoie comme les gardiens de champs de coquelicots, on se donne des rendez-vous et on finit par boire un verre ensemble. C’est ça, la vie des fleurs épanouies!

Ca trame dur dans les têtes: où exposer les bâches pour être vues? Qui voudra bien prêter son champ? Comment éviter les routes fermées pour le Tour? Comment faire avec la foule? Et les policiers? Et pour le jour d’après, comment on fait pour se passer les imprimés? Entre les vacances des uns et le travail des autres, il en aura fallu des tours de pédaliers pour arriver au Grand Ballon…

Avec les amis d’amis qui sont aussi nos amis, on finit par trouver un champ au bord de la route des Crêtes des Vosges, proche de la ferme auberge bio du Haage, pour disposer les fleurs rouges et noires. Jean-Mi, de Belfort, prépare son étape de son côté. Il trouve un terrain côté départ de la course du 12 juillet. Reste plus alors qu’à organiser le passage des fameuses bâches. La veille, quelques coquelicots au magnifique chapeau rouge se retrouvent au sommet. Mission accomplie!

Le matin du grand jour, quelques-uns des alentours de Saint-Amarin, de la Moselotte et de Gérardmer, levés dès potron-minet, installent les 3 bâches. Les hélicoptères survolent le Grand Ballon et la course. Malheureusement la médiatisation ne se fait pas…. Même si 5 hélicoptères, remplis de personnes très importantes, les VIP comme on dit, atterrissent et décollent dans «leur» pré.

Nous avons tous fait de belles connaissances et parlé du mouvement à des groupes de jeunes, à des gendarmes pour qu’il aillent sur le site… peut-être quelques semences semées… et des signatures récoltées… La voiture balai est passée, la voie est libre pour franchir les cols et pour les passeurs, se retrouver à la gare de Cernay. Un vrai épisode de contrebandiers!

Le flambeau -pardon- les bâches sont transmises à Jean-Mi pour filer à Brevilliers, à 11h30, à 1 km du départ de l’étape. Le gros macaron rouge est bien en vue en bord de route. Les motos des média, les cyclistes, les suiveurs, les gendarmes, la caravane, tous sont passés devant!

Et le gros coquelicot est effectivement passé à la télé… Une star éphémère au maillot rouge à pois noirs. Ils n’étaient que deux coquelicots belfortains, mais le propriétaire du champ s’est merveilleusement investi (quoiqu’il ait eu le scrupule de nous  faire  remarquer que  celui-ci  était  dépourvu  de  tout  coquelicot et  donc que…). Il a aidé dans l’installation, qu’un petit vent a rendu problématique.

A part cette brise matutinale, tout a été favorable: l’accueil, l’orientation, la prise de  vue par l’hélico… mais au final, il faut l’admettre: c’est le principe même de l’opération qui est « peu payant ». Il faudrait une image dix fois plus grande, des coureurs moins rapides, en virage, en montée… Nous allons nous entraîner pour l’an prochain…!

La moisson de signatures a été non négligeable. Le contact avec les gens excellent. Les  gens semblaient très au courant et même si peu connaissent l’appel, ils sont convaincus de la nocivité des pesticides tant pour la santé que pour la « planète »… Beaucoup jugent le combat un peu désespéré tant ils connaissent la puissance des  intérêts en jeu et par ailleurs, une minorité est consciente de la difficulté de changer de système et posent bien le problème de la transition, ses enjeux économiques et  sociaux.

Le petit rosé partagé au village voisin avec quelques convives sur les  tables de  brasserie au rond point du départ à Belfort a provoqué un vent d’optimisme… Il nous faut continuer à pédaler la fleur rouge aux lèvres et des graines plein les poches!

Aujourd’hui, les passeurs se sont retrouvés aux Jardins de Bernadette au Haut du Tôt pour remiser les bâches jusqu’à la prochaine opération. Avis aux amateurs!

Pour l’heure, nous allons organiser une remise du maillot rouge à pois noirs des vainqueurs des deux étapes les plus importantes du Tour 2019!