Patrice Hamoniaux, éleveur à Créhen (22), a pris la parole lors d’un rassemblement Coquelicots. Voici le témoignage qu’il a voulu partager (voir la vidéo à la fin).
A 4 ans je voulais déjà être agriculteur.
J’ai toujours voulu suivre les traces de mon père.
J’ai obtenu un bac D à la Ville Davy à Quessoy puis un BTS TAGE à Rennes.
On ne parlait pas d’agriculture biologique, ni à la maison ni à l’école.
Mon frère s’installe avec mes parents en 1990.
Je m’installe à mon tour en 1992. Je fais la connaissance de Eric Favre, un ingénieur embauché par la laiterie LNA pour accompagner les éleveurs qui le souhaitent à cultiver plus d’herbe. Je me rend compte que les vaches valorisent bien l’herbe et que c est plus intéressant économiquement.
En 1994, mes parents deviennent retraités.
En 2002, mon frère décide de changer de métier. Nadia, ma femme, s’installe à sa place.
Elle me laisse faire mon métier à ma guise, mais est inquiète de me voir épandre des pesticides dans nos champs, à la fois pour moi et pour la nature.
Elle achète le plus possible de produits bio.
En 2010 je décide d’acheter une bineuse à maïs pour essayer de diminuer les épandages de désherbants. Ca marche et en plus j’adore biner!!!
Mais nous avions des soucis de mammites sur les vaches laitières et de croissance des génisses.
En 2015 lors d’une réunion proposée par le CEDAPA, je fais la connaissance de Marine Lemasson, ingénieur nutritionniste qui grâce à la méthode OBSALIM va nous permettre de solutionner la majorité de nos problèmes. Mais aussi de me déstabiliser… J’ai un accident de quad 3 mois après qu’elle soit venue nous prodiguer ses premiers conseils. Je mets à profit les 8,5 mois d arrêt de travail pour me renseigner sur les effets dévastateurs des traitements phytosanitaires ainsi que l importation de soja brésilien que j’achetais.
Avec Nadia nous participons à plusieurs journées de formation proposées par le GAB22:
- 3 jours sur la conversion
- 3,5 jours sur les huiles essentielles
- 2 jours sur l’homéopathie
- 2 jours sur les plantes bio indicatrices
- 2 jours sur la méthode Hérody (vie du sol)
- 1 jour sur le désherbage mécanique
- 1 jour sur les céréales
Pendant ces formations je me suis senti à l’aise; il n’était plus question de course au rendement. Et j’ai fait la connaissance d’agriculteurs bio heureux et soucieux d aider les autres. J’ai appris à me reconnecter à mes animaux et à la nature.
En agriculture bio , on doit respecter la terre car les engrais de synthèse sont interdits.
Si le sol est maltraité, la plante qui nourrit mes animaux ne pousse pas.
Nous avons fait une étude technique et économique appelée le Pass bio pour conforter notre choix.
Nous avons démarré la conversion à l agriculture biologique le 8 mai 2016.
BIOLAIT a collecté notre premier litre de lait bio le 8 novembre 2017.
A cette occasion nous étions 40 personnes à table pour fêter cet événement!!!!
Je suis tellement satisfait de l’accompagnement du GAB 22 que j’ai accepté d’en devenir un des administrateurs. Je souhaite aider les agriculteurs qui «hésitent à passer en bio».
Aujourd’hui je suis heureux et fier d’être paysan!!!
Les agriculteurs conventionnels font ce qu’ils peuvent, ils n’ont pas appris à s’affranchir de l’utilisation de produits phytosanitaires, ils manquent de temps pour faire le point et changer de système.
Aidons-les, mais ne soyons pas contre eux.