François Salliou, une conscience en centre Bretagne

Nous voulons des coquelicots

François Salliou, agriculteur à la retraite, va avoir 70 ans. Il aurait juste pu inviter ses amis à la maison avec sa femme Amida, mais il a eu une idée folle: leur proposer une caravane des coquelicots, une marche en 13 étapes dans le Kreiz Breizh, ce centre Bretagne cher à son coeur, du 18 au 31 août.

 

Voici la lettre ouverte envoyée à tous les maires des communes traversées par la caravanes, pour les inviter à rejoindre les bivouacs et échanger sur les possibles solutions à apporter.

François Salliou
Le Goaffr
22110 TREMARGAT

francoissalliou@gmail.com

Bonjour Madame·Monsieur la·le Maire,

Je m’appelle François Salliou, je suis agriculteur à la retraite. J’habite à Trémargat et j’ai décidé cette année de fêter mes 70 printemps d’une façon particulière. J’organise une randonnée durant une douzaine de jours en Côtes d’Armor et Finistère, à laquelle j’invite ma famille, mes amis, mes collègues, à participer, et nous aurons le plaisir de passer dans votre commune.

Je suis un ancien élu municipal et je connais l’engagement et la disponibilité que la vie communale demande pour le bien être des habitants et c’est pour cela que je vous sollicite

De la ferme de mon enfance, les granges couvertes de paille, les chevaux dans l’écurie, une dizaine de vaches dans l’étable et quelques truies, la campagne riche d’un maillage bocager très fourni et de ses nombreux paysans, aux fermes et paysages d’aujourd’hui, que de bouleversements !!! Bien sûr dans l’amélioration des conditions de vie, du confort, de la pénibilité du travail, etc. mais aussi dans la détérioration de notre environnement et des liens sociaux. J’ai constaté au fil des ans la disparition des haies où se cachaient de nombreux nids d’oiseaux et des essaims d’abeilles que nous cherchions dans les arbres creux, ainsi que des prairies riches d’une flore variée où paissaient paisiblement les troupeaux de vaches.

Et à quel prix ? Les campagnes et les bourgs se vident de leurs habitants, les écoles ferment les unes après les autres, les fermes s’agrandissent et peinent beaucoup d’un point de vue économique, le tissu social s’appauvrit et les problèmes de pollution deviennent majeurs. Pas un jour ne se passe sans qu’on lise ou entende parler de l’effondrement de la masse des insectes, de la disparition de beaucoup d’oiseaux, de la pollution des sols et des rivières, des algues vertes,…

Je suis convaincu que le système agricole d’aujourd’hui, très industrialisé, à base d’agrochimie, est responsable de ces problèmes.Il est responsable en partie du réchauffement climatique. Il met en danger profondément la biodiversité et notre propre avenir.

Il ne s’agit pas de stigmatiser les agriculteurs. Ils sont les premières victimes de ce système qui est à l’origine de l’hémorragie de leur nombre – 6 millions en 1950, 450 000 aujourd’hui – mais aussi d’un problème de santé publique : nombreux suicides de paysans, des paysans atteints de cancers (lymphomes non-hodgkiniens), de la maladie de parkinson, d’Alzheimer, etc… Apiculteur passionné, j’ai constaté l’an dernier une mortalité des 3⁄4 des mes abeilles, j’ai participé avec d’autre apiculteurs à diverses actions pour alerter de cette catastrophe.

De nombreuses solutions existent comme l’agrobiologie. Les objectifs ne devraient pas être basés sur une économie financiarisée au profit de quelques personnes mais sur une économie sociale pour le profit de tous ainsi que la préservation de notre environnement qui est notre maison commune.

Alors pour mes 70 ans, j’organise cette randonnée, du 18 au 31 août. Elle se doit d’être festive mais en même temps elle sera l’occasion de se questionner sur notre système agricole en Bretagne.

J’ai donc décidé que cette randonnée soit sous le signe des « coquelicots ».
Ce mouvement « Nous voulons des coquelicots », initié par Fabrice Nicolino et François Veillerette, est un manifeste, un appel, une mobilisation pour l’interdiction de tous les pesticides de synthèse de notre environnement.

Je viens d’avoir le bonheur d’être à nouveau le grand-père d’une petite fille qui s’appelle Nawel. Elle a toute la vie devant elle. Quelle merveille! Je pense à tous ces enfants. Nos enfants. Quel est leur avenir ? Et dans quel monde ? Et dans quel environnement? Pourront-ils demain entendre le bruissement majestueux d’un essaim d’abeilles et contempler les voltiges joyeuses des hirondelles dans un champ de foin ? Quand en quelques décennies nous avons décimé 80 % de la masse des insectes et 20 à 30 % des oiseaux.

C’est pour tout cela que je vous invite à venir nous retrouver aux points de bivouac pour partager ensemble les multiples solutions que nous pourrions mettre en place au niveau local pour pallier ces différents problèmes.

À bientôt.

François Salliou