Dans la nuit du 18 au 19 septembre 2019, les services de l’Etat ont épandu un insecticide à base de deltaméthrine dans des quartiers des villes de Villeurbanne (148.000 habitants) et Mions (13.000 habitants), toutes deux situées dans le Rhône et proches de Lyon. La raison de cet acte dangereux est la survenue d’un cas de dengue, maladie tropicale transmise par les moustiques. Une personne ayant transité par Mions et habitant Villeurbanne a séjourné dans un pays de forte infestation où il a été piqué. Dans le cadre d’un plan national de lutte contre les arboviroses, la Direction générale de la santé (DGS) est la responsable nationale de l’opération.
Le mouvement des Coquelicots constate:
1/ Le risque réel qu’un moustique-tigre pique l’unique personne infectée par le virus de la dengue et que ce moustique le transmette à une autre personne était infime. Il n’a, en tout état de cause, nullement été évalué en regard des risques engendrés par la démoustication.
2/ La toxicité de la deltaméthrine, elle, est avérée. Il s’agit d’un insecticide de synthèse qui pose de nombreux problèmes toxicologiques, et d’abord en raison du manque de données sur les risques qu’il fait courir à l’espèce humaine. On ne sait guère qu’une chose, et c’est qu’il est toxique par inhalation et par ingestion. Les études menées sur les animaux montrent qu’il est «très toxique pour les organismes aquatiques, entraîne des effets néfastes à long terme», et «très toxique pour les poissons d’eau douce et les invertébrés aquatiques» (voir vidéo ci-dessous).
Chez la souris et le rat, en cas de forte intoxication, on observe des phénomènes tels que «hypersalivation, diarrhée, dyspnée, faiblesse, défaut de coordination motrice, hypotonie, tremblements, mouvements choréiformes, tachycardie, difficultés respiratoires et convulsions cloniques. Les paralysies des muscles respiratoires sont susceptibles de conduire à la mort».
3/ L’épandage massif de cet insecticide toxique a contraint les habitants à ne pas sortir de chez eux, à fermer soigneusement fenêtres et ouvertures, à rentrer leur linge, à protéger leurs animaux de compagnie. Combien de milliers de personnes, peu ou pas informés, n’ont pas tenu compte des consignes officielles? Et ceux qui travaillent la nuit? Et les fenêtres ouvertes un soir d’été sur le couffin des bébés? Et les SDF?
4/ Des méthodes de prévention, certes plus complexes, existent, qui permettent de se passer des poisons chimiques. Ils n’ont pas même été évoqués.
5/La multiplication des échanges de tous ordres, le tourisme de masse et les transports associés, le dérèglement climatique ne peuvent que favoriser l’apparition de maladies tropicales menaçantes en France. La situation exige un vaste débat national, prélude à des mesures publiques socialement acceptées. Un tel sujet ne peut rester entre les mains d’une bureaucratie, aussi compétente qu’elle soit.
6/ Selon des indiscrétions recueillies par le mouvement des Coquelicots, d’autres opérations de démoustication peuvent avoir lieu à tout moment, notamment en Île-de-France. Les scénarios existent et les équipes techniques sont prêtes à agir. De ce point de vue, l’opération de Villeurbanne apparaît comme un ballon d’essai, susceptible de tester la réaction des populations concernées.
7/ L’épandage de pesticides volatils en pleine ville viole l’esprit, sinon la lettre de la loi Labbé du 1er janvier 2017, qui interdit aux services de l’Etat l’utilisation de ces produits pour «l’entretien des espaces verts, des forêts, des voiries ou des promenades accessibles ou ouverts au public et relevant du domaine public ou privé de l’Etat, des collectivités territoriales et de leurs groupements ou des établissements publics». La loi existe-t-elle vraiment pour tous?
8/ Le mouvement des Coquelicots réclame depuis un an l’interdiction de tous les pesticides de synthèse et continuera à le faire. Le mauvais exemple de la démoustication à Villeurbanne montre une fois de plus qu’on ne doit pas se battre molécule après molécule, mais contre un système indifférent à la bonne santé des écosystèmes et des humains.
Ils vont nous rendre dengue ! ?
#ilsvontnousrendredengueHello ! Retour sur les lieux après l'épandage d'Aqua-K-Othrine (Bayer ☢️) dans les rues de Villeurbanne pour lutter contre le fameux moustique tigre… ?@Métropole de Lyon Région Auvergne-Rhône-Alpes
Publiée par Association Des Espèces Parmi' LYON sur Dimanche 22 septembre 2019
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Le 20 septembre 2019
Conseils officiellement publiés à Villeurbanne et Mions :
*Fermer les fenêtres le temps de l’opération
*Rester à l’intérieur des bâtiments ou des véhicules le temps de cette opération et jusqu’à 30 mn après le passage du véhicule
*Mettre à l’abri vos animaux
*Ne pas laisser pas du linge sécher dehors
*En raison du comportement « main-bouche » des enfants, rentrer leurs jouets
*Rincer à l’eau le mobilier de jardin
*Comme pour tout traitement insecticide utilisé pour les cultures, et même si les doses sont moindres, ne pas consommer les fruits et légumes du jardin dans les 2 jours après le traitement, et les rincer à l’eau avant consommation