Métabolites: l’eau du robinet est-elle encore potable?

Nous voulons des coquelicots

Amies, amis des Coquelicots, le monde des pesticides est décidément celui de tous les mystères. Nos autorités ont soigneusement évité de nous parler de ce que deviennent les pesticides après qu’ils ont été épandus. Or ils changent sans arrêt de structure chimique, car c’est dans leur nature. Quand un pesticide rencontre une plante ou un sol, quand il est au contact de l’eau, quand il fait froid ou chaud, quand il est avalé par une abeille, un oiseau, un ver de terre, il se transforme. Ce processus de dégradation inévitable génère alors ce qu’on appelle des métabolites.

1/ Les métabolites, qu’en dit la loi?

La loi ne fait pas de différence entre pesticide et métabolite: pour le législateur, c’est la même chose. Quand on distribue de l’eau potable au robinet, il ne faut pas dépasser 0,1 microgramme par litre par pesticide (ou métabolite) pris individuellement, et 0,5 microgramme par litre pour tous les pesticides (ou métabolites) retrouvés. Au-delà, on doit stopper la distribution ou obtenir une dérogation, et promettre une solution. Ce point est fondamental.

Quelques explications supplémentaires publiées dans Charlie Hebdo.

 

2/ Les métabolites, c’est toxique pour la santé?

Bien que les connaissances précises manquent, on pense qu’en moyenne, un pesticide pourrait former entre 4 et 10 métabolites. Peut-être est-ce davantage. Mais nos autorités ne se donnent pas les moyens de la connaissance sur les métabolites, dispersée dans quantité d’études et de rapports, que nous avons lus pour vous.

==> Découvrir notre travail de recherche sur la toxicité des métabolites

 

3/ Que font les autorités face aux métabolites?

Les autorités sanitaires devraient rechercher non seulement les pesticides, mais aussi leurs métabolites. Et les additionner dans leurs calculs pour vérifier si les limites de qualité (0,1 et 0,5 microgrammes) sont respectées. Elles ne le font pas: ne sont recherchés, dans le meilleur des cas, que moins de dix métabolites sur des milliers possibles.

Le ministère de la Santé, via la direction générale de la Santé, n’a qu’un but: faire oublier l’existence de ces milliers de substances dans les eaux superficielles, les nappes souterraines, dont une fraction inconnue se retrouve dans l’eau du robinet. Car les chercher, c’est les trouver, et les trouver, c’est faire exploser le système de distribution d’eau potable en France. Le système des pesticides montre une fois de plus qu’il est irresponsable et incontrôlable.


PS: Ajoutons sans insister –pour l’instant– qu’il existe de très nombreuses zones d’ombre concernant les autorisations de mise sur le marché (AMM) des pesticides. Le plus souvent, l’industriel –Bayer-Monsanto, BASF, Syngenta, etc.– qui dépose un dossier ne fournit pas les éléments concernant les métabolites que produiront obligatoirement leurs pesticides. Ni sur leur dangerosité, ni sur leur signature chimique, qu’on appelle étalon, qui seule permettrait pourtant de les rechercher dans l’eau. Le laxisme est dans ce domaine incroyable.

 

4/ Qu’est-ce que je peux faire pour informer, alerter et faire bouger les responsables?

Le mouvement des Coquelicots lance une campagne d’information et d’interpellation des responsables -tous horizons confondus- de cette contamination insensée de l’eau du robinet. Chacun peut y prendre sa part, pour:

  • exiger un inventaire complet du nombre de métabolites que produit chaque pesticide
  • imposer des règles de transparence au moment de l’attribution d’autorisations de mise sur le marché (AMM)
  • établir un programme d’action permettant de savoir où l’eau dite potable dépasse, avec les métabolites, les normes légales

 

 

Les métabolites, c’est de la dynamite.