Néonicotinoïdes: « Députés, vos votes vous engageront auprès des générations futures »

Nous voulons des coquelicots

Alors que les députés vont débattre ce jour et doivent se prononcer mardi sur le projet de loi du gouvernement remettant en cause l’interdiction des insecticides néonicotinoïdes, 30 organisations interpellent les élu·es sur le choix qui sera le leur : assumer un grave recul environnemental mettant en péril la santé publique et nos écosystèmes, ou maintenir la France au premier plan de la transition agroécologique.

Dans une lettre ouverte, adressée par voie de presse et envoyée à chacun d’entre eux, les organisations – associations environnementales, syndicats agricoles et apicoles – rappellent que les agriculteurs de la filière betteravière souffrent de difficultés économiques structurelles liées à la dérégulation du marché et que les solutions possibles pour préserver les emplois et rendre cette filière plus résiliente ne passent en aucun cas par la ré-autorisation de substances dramatiquement dangereuses pour la biodiversité et la santé.

Les signataires prônent la mise en oeuvre d’une véritable transition agroécologique et fondent leurs arguments sur plus d’un millier d’études scientifiques attestant de la contamination et de la persistance des néonicotinoïdes dans les cours d’eau et les sols, bien au-delà des parcelles traitées, et de leurs effets létaux sur les abeilles et une multitude d’autres espèces : pollinisateurs sauvages, vers de terre, crustacés… et par ricochet sur les chaînes alimentaires, poissons, oiseaux…

« Votre vote vous engagera, au présent et vis-à-vis des générations futures. En pleine urgence sanitaire et écologique, les Français.e.s, leurs enfants et petits-enfants jugeront de votre volonté de privilégier – ou non – leur santé et l’environnement, préviennent les organisations signataires. Assumerez-vous la responsabilité d’un recul sans précédent alors que la France peut se positionner comme un exemple à suivre dans l’Union européenne et au-delà ? »



Néonicotinoïdes : « Députés, vos votes vous engageront auprès des générations futures »

Ce mardi 6, mesdames et messieurs les député.e.s, vous devrez faire un choix. Celui d’assumer, publiquement, un recul environnemental de plus, qui met en péril la santé publique et nos écosystèmes. Ou bien celui de mettre la France au premier plan de la transition agroécologique. Ce choix majeur vous le ferez lors du vote sur le projet de loi du gouvernement remettant en cause l’interdiction des insecticides néonicotinoïdes, qui avait été actée dans la loi Biodiversité de 2016, et que certain.e.s d’entre vous avaient votée.

Oui, la jaunisse réduit le rendement des betteraves sucrières. Tout comme la forte sécheresse estivale. Mais la filière subit surtout une dérégulation du marché souhaitée par les industriels du secteur pour casser les prix. Et ce sont les paysan.ne.s qui doivent répondre aux injonctions de productivité.

Loin de l’écologie de l’incantation, nos arguments se fondent sur une écologie scientifique

En choisissant d’aller dans le sens de l’industrie sucrière et de l’éthanol, vous choisirez de les emprisonner encore un peu plus dans cette course sans issue, fondée sur l’agrochimie. Face à ce problème économique, écologique et climatique, il est indispensable de trouver des solutions adaptées pour préserver les emplois tout en rendant la filière plus résiliente aux futures crises. La réponse ne peut en aucun cas se trouver dans l’autorisation de tels pesticides, si dangereux pour la biodiversité et la santé.

Loin de l’écologie de l’incantation, nos arguments se fondent sur une écologie scientifique : plus d’un millier d’études attestent de la contamination et de la persistance de ces molécules dans les cours d’eau et les sols, bien au-delà des parcelles traitées. Les néonicotinoïdes sont très efficaces car hautement toxiques à très faibles doses, pour les prédateurs des cultures. Mais fatalement, ils le sont aussi pour les abeilles et une multitude d’espèces non cibles : pollinisateurs sauvages, vers de terres, crustacés… Car ces insecticides enrobent la graine, et sont ainsi ‘semés’ avant même qu’un risque soit identifié.

4 milliardièmes de gramme de néonicotinoïdes : c’est la dose d’exposition par insecte qui suffit à tuer 50% d’une population d’abeilles! En limitant la dérogation aux betteraves, soit 450.000 hectares de cultures, on mettrait dans le sol près de 27 tonnes de néonicotinoïdes sur une surface équivalente au département des Alpes-Maritimes!

En pleine urgence sanitaire et écologique, les Français jugeront de votre volonté de privilégier – ou non – leur santé et l’environnement

Continuer de rechercher une solution chimique ou non chimique aussi dramatiquement ‘efficace’ que les néonicotinoïdes ne permettra jamais de joindre les impératifs de production à la protection des écosystèmes. Par ailleurs, on ne peut prétendre défendre une transition agroécologique sans réintroduire de la diversité dans les paysages, sans varier davantage les cultures et en continuant de faire confiance aux seules initiatives des filières agricoles.

Demain, votre vote vous engagera, au présent et vis-à-vis des générations futures. En pleine urgence sanitaire et écologique, les Français.e.s, leurs enfants et petits-enfants jugeront de votre volonté de privilégier – ou non – leur santé et l’environnement. Assumerez-vous la responsabilité d’un recul sans précédent alors que la France peut se positionner comme un exemple à suivre dans l’Union Européenne et au-delà?

La liste des signataires :

Agir pour l’Environnement, Alerte Médecins Pesticides, Attac France, Bio consom’acteurs, Combat Monsanto, Confédération Paysanne, Eau et rivières de Bretagne, Fédération Nature & Progrès, Fédération Nationale d’Agriculture Biologique, Fondation Nicolas Hulot pour la Nature et l’Homme, Foodwatch France, France Nature Environnement, Générations Futures, Greenpeace France, Ingénieurs sans frontières, Justice Pesticides, Les Amis de la Terre, Ligue de Protection des Oiseaux, Miramap, Mouvement de l’Agriculture Bio-Dynamique, Nous voulons des coquelicots, Pollinis, Réseau Environnement Santé, Société Nationale de Protection de la Nature, Syndicat National d’Apiculture, Terre d’Abeilles, Union nationale des apiculteurs français, WECF France, WWF France.

 

==> la tribune en ligne sur le site du JDD