SDHI: chaque jour compte

Chers signataires de l’Appel des coquelicots, les nouvelles sont à la fois excellentes… et désespérantes. Mais d’abord, un grand merci à vous tous, qui avez permis à ce mouvement de prendre son envol. Quelle poussée! En une année d’efforts sans relâche de centaines de groupes locaux, nous arrivons enfin à notre premier million de soutiens. C’est grand, c’est historique. La France est le premier pays au monde à connaître une pacifique révolte contre le poison des pesticides. Il ne restera pas seul, soyez-en certains.

Nos efforts communs ont changé l’atmosphère de ce pays. Jamais le débat sur les pesticides n’avait été aussi vif, aussi clair, aussi renversant. Oui, nous avons pu montrer que le peuple français refuse massivement l’usage de poisons, ainsi que l’attestent d’ailleurs de régulières enquêtes d’opinion. Et cela bouge, comme le montre le merveilleux exemple du village de Langouët, en Ille-et-Vilaine.

Langouët, c’est bien entendu le village d’Astérix, qui résiste à l’invasion toxique. Son maire, Daniel Cueff, a ouvert une voie inattendue en prenant un arrêté sur les distances d’épandage, et il est devenu le héros de tous. C’est un ami des Coquelicots, et sachez que notre mouvement a joué un grand rôle, direct, dans l’éclosion de près de 120 arrêtés antipesticides en France. Vous pouvez en être fiers.

Mais ce n’est qu’un début, et il nous faut dire notre stupéfaction devant l’attitude de nos responsables politiques. Pas un seul n’a pris le moindre contact avec nous. Aucun ministre, aucune Excellence de la République n’a jugé évident de nous joindre, au moins pour tenter de comprendre pourquoi un million de citoyens réclament la fin de cette folie. Nous ne sommes pas amers, mais indignés, oui.

Dans ces conditions, il est moins étonnant de constater la navrante attitude de l’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement, du travail). Cette agence publique est chargée de veiller à la santé de tous, mais dans le lourd dossier des pesticides, elle préfère visiblement défendre d’autres intérêts.

Le président de «Nous voulons des coquelicots», Fabrice Nicolino, a publié en septembre le livre ‘Le crime est presque parfait’ (éditions LLL). Il y montre comment l’ANSES, engluée dans d’intolérables conflits d’intérêt, a encouragé des épandages massifs en France de SDHI, nouvelle classe de pesticides. Et elle l’a fait en oubliant opportunément des informations qui visiblement la gênaient. Dès 1976, une étude démontrait la grande toxicité des SDHI sur les mammifères. N’en sommes-nous pas ? Dès 2012, une étude de l’INRA – pourtant payée par l’ANSES ! – prouvait la génotoxicité d’un des principaux SDHI, le bixafen.

Le plus insupportable restait à venir. Une prestigieuse équipe de l’INSERM, conduite par le chercheur Pierre Rustin, vient de publier une étude implacable qui montre que les 8 SDHI sur le marché s’attaquent aussi bien aux champignons pathogènes –leur rôle premier –qu’aux cellules de vers de terre, d’abeilles et…d’humains. Certains malades, notamment d’Alzheimer, sont plus sensibles encore aux SDHI que des hommes en bonne santé. Retenez ce titre d’un communiqué du CNRS, car il est limpide: «Les fongicides SDHI sont toxiques pour les cellules humaines».

Tout cela, l’ANSES le savait, car elle avait été prévenue par Pierre Rustin dès octobre 2017. Et elle n’a rien fait, pour des raisons que seule une commission d’enquête parlementaire réussirait peut-être connaître. A l’heure où se déroule le procès du médicament Mediator –des centaines, peut-être des milliers de morts-, il n’est pas inutile de le rappeler: une étude de 1995 a été simplement ignorée. Elle aurait permis d’empêcher le massacre.

Nous vous demandons de considérer que la question des SDHI, désormais sur la place publique, est l’affaire de tous. Nous avons envoyé une lettre avec accusé de réception au directeur-général de l’Anses, Roger, Genet, pour obtenir une entrevue. Chacun d’entre nous peut demander des comptes à ses élus, à l’ANSES, aux agences régionales de santé, au ministère de l’Agriculture, à celui de la Santé.

Retenez ces mots de Pierre Rustin, qui a lancé l’alerte scientifique: «Si j’étais responsable d’une agence sanitaire et qu’on me livrait les informations que nous publions, j’interdirais les SDHI dans la journée. Chaque jour compte».

 

Pour interpeller vos élus, voici un modèle de lettre.